Né en 1722, le comte de Grasse Tilly est capitaine de vaisseau lorsque la guerre éclate. Après trois années de formation comme page du Grand-Maître de l’Ordre de Malte, il est depuis quarante ans dans la Marine Royale quand la Guerre éclate à nouveau.
En 1778, il participe au premier combat naval de la Guerre d’Amérique, celui d’Ouessant. L’année suivante, il est à la prise de Saint-Vincent, puis de la Grenade.
C’est à lui que le Roi va confier un rôle décisif pour l’issue de la Guerre. L’élevant au grade de lieutenant-général des armées navales, il lui confie en février 1781 une armée de 28 vaisseaux et 5 frégates mouillés à Brest, dont le gros va escorter 92 navires marchands, en partance pour les Antilles et amenant notmment 5000 hommes de renfort à la Martinique et autant à Saint-Domingue.
Suffren et son escadre, en partance pour les Indes, s’en détacheront aux Açores, de même que le comte de Barras qui voguera vers Newport pour amener à Rochambeau un renfort en matériel et 660 nouvelles recrues. Après avoir réussi à faire filer son convoi marchand vers le port, de Grasse dégage Fort Royal de la Martinique du blocus anglais de l’amiral Hood, le 30 avril 1781, et ravitaille les troupes du marquis de Bouillé. Bouillé et de Grasse montent alors un débarquement à l’île de Tobago qui est prise le 1er juin.
Arrivé à Saint-Domingue avec 24 vaisseaux le 16 juillet, en vue de préparer l’opération franco-espagnole décidée à Versailles contre la Jamaïque, de Grasse y trouve les messages de Rochambeau. Il décide alors de rassembler tous les moyens accessibles et de les concentrer pour renforcer, de toute urgence, l’action du Corps expéditionnaire. Le souci d’aller vite, ce que Rochambeau lui laisse deviner de ses préférences stratégiques, lui font opter pour une convergence sur la baie de la Chesapeake plutôt que devant New York.
Il tente d’emprunter sur ses biens propres de quoi assurer la solde des hommes de Washington et Rochambeau (mais doit avoir recours aux commerçants de La Havane à cette fin), met les vaisseaux marchands sous la protection des Espagnols à Saint-Domingue, embarque 3.300 hommes sous les ordres du marquis de Saint-Simon et fonce sur son objectif, esquivant l’escadre de Hood. Le 2 septembre, il débarque Saint-Simon qui fait sa liaison avec La Fayette, puis se retourne contre l’escadre anglaise de Graves, renforcée de celle de Hood revenus de New York sur ces entrefaites. Un affrontement va s’ensuivre pendant trois jours. Dominés, les Anglais rompent le combat et font voile vers New York après avoir dû saborder un de leurs vaisseaux, le 13 septembre. Pendant ce temps, Barras, arrivant de Newport par le large et le sud est entré dans la Baie avec 8 vaisseaux et 3 frégates escortant le convoi portant l’artillerie de siège et des renforts supplémentaires.
Conseil de guerre le 18 septembre à bord de La Ville de Paris, entre Washington, Rochambeau et de Grasse. La concentration des forces franco-américaines est bientôt complète. Enfermé dans Yorktown et Gloucester, Cornwallis est contraint le 19 octobre à la capitulation, après un siège où chaque armée a rivalisé de bravoure.
Retour aux Antilles, où Bouillé a repris Saint-Eustache. De concert les deux généraux enlèvent Saint-Christophe, puis de Grasse s’empare de Montserrat.
L’opération prévue sur la Jamaïque est montée au printemps, mais l’amiral Rodney, qui a rejoint Hood dans les parages, dispose d’un certaine supériorité (vaisseaux plus nombreux, mais surtout plus rapides et ayant acquis une artillerie supérieure en combats rapprochés). Après un premier combat indécis le 9 avril et quelques erreurs tactiques françaises, la bataille au large des Saintes verra la perte de cinq vaisseaux, dont celui du général en chef, qui tombe aux mains d’un Rodney qui a remarquablement bien conduit son attaque. Un conseil de guerre constitué à la demande de l’amiral en 1784 se prononcera sur les responsabilités des différents chefs d’unité.
Défaite incontestable pour les Français, ce combat sera pour leurs adversaires une victoire à la Pyrhus :
- de Grasse a sauvé son précieux convoi,
- la flotte anglaise a été assez malmenée pour ne plus paraître aux Antilles, d’où nos convois rejoignent facilement la France avec leurs précieuses denrées.
- Vaudreuil a regroupé une armée navale restant impressionante et
- dès la fin de 1782, les chantiers Français ont lancé autant de nouveaux vaisseaux qu’il en a été perdu.
Prisonnier à Londres, de Grasse joue un rôle utile dans les négociations pour la paix. Fait membre fondateur des Cincinnati en septembre 1783, il décède à Paris en 1788. Son cœur repose dans l’église de Tilly (Yvelines).
Sa mémoire est honorée chaque année, à la date anniversaire de la victoire de Yorktown, par une cérémonie officielle organisée par les Cincinnati de France devant le monument qui lui est consacré dans les jardins du Trocadéro à Paris.
Une autre cérémonie lui est consarée en septembre à Grasse et au Bar sur Loup où il est né.
